Pour préparer une exposition présentée en mars à Fleury-Mérogis, les stagiaires en graphisme ont, lors d’un atelier d’écriture, réveillé d’exquis cadavres. Il est des endroits, joyeux et créatifs, où la pipe devient chaleureuse, la moustache jalouse et l’épilation, blonde. Prenez l’emi-cfd Il suffit d’un groupe de stagiaires en graphisme, d’un projet stimulant pour la ville de Fleury-Mérogis et d’un intervenant accro aux mots, jeux de mots et jeux sur les mots pour que les couloirs de l’École prennent des airs souriants et mystérieux. Le « cadavre exquis » est un incontournable des ateliers d’écriture. Il devrait l’être des cours de journalisme, qu’ils s’adressent aux rédacteurs ou aux secrétaires de rédaction. Parce que le mot est un matériau que tous doivent s’approprier pour mieux l’utiliser, le triturer, le malaxer, pour qu’il transmette l’information ou rende l’émotion, pour qu’il « fasse sens » comme dit l’époque. Spécialistes de l’image, du logo, du design, en un mot —et pardon pour le propos réducteur— de la communication visuelle, les graphistes avaient pour challenge d’associer les textes à leurs recherches, à leur réflexion. Du placard de la créativité Rien de mieux pour s’y essayer que d’en revenir aux valeurs sûres : Georges Perec, les Oulipiens, les surréalistes. Ces derniers ont inventé le jeu du « Cadavre exquis ». L’écrivain André Breton en donne cette définition : « Jeu qui consiste à faire composer une phrase, ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu’aucune d’elles puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes. » Autrement dit : chaque participant écrit un morceau de phrase (sujet, verbe, complément) sans savoir ce que le précédent a écrit. La première production née de ce jeu, et qui lui a donné son nom, fut : « Le cadavre exquis boira le vin nouveau ». Sur ce canevas, les graphistes ont sorti quelques cadavres du placard de leur créativité. Quelques exemples meublent en ce moment notre décor. Rien de gratuit dans cet exercice Il permet d’évacuer les réticences et les exacerbations. Puis, surtout, de se recentrer sur un sujet très précis. En l’occurrence : « liberté – égalité – amour », thème-clé d’une exposition/intervention qui sera présentée le 8 mars à Fleury-Mérogis dans le cadre de la Journée internationale pour les droits des femmes. Mais ceci est une autre histoire. De maux et d’amour. Olivier Quelier Co-responsable du parcours SR